Amazonie

Amazonie, ces peuples qui luttent pour leur survie.

 

Les Madihas et les Kanamaris vivent sur des terres reculées aux confins de l’Amazonie occidentale. Pour les rencontrer il faut entreprendre un long voyage en pirogue en partance de la ville d’Eirunepé (dans l’état de l’Amazonas) sur le fleuve le plus sinueux du monde, le Rio Juruá. Glisser sur les eaux boueuses du rio Eiru puis tourner sur un affluant pour naviguer sur les eaux cristallines du Rio Jurua rend le temps long et vous détache progressivement des contingences de notre monde.

La confrontation avec la société de consommation alliée à l’effet pervers des aides sociales qui leur sont octroyées a entrainé la perte de leur mode de vie traditionnel et leur précarisation. Alors que ces « chasseurs-cueilleurs » vivaient des ressources de la forêt et de leur artisanat ancestral, ils sont aujourd’hui dépendants de la « bolsa familia » (bourse familiale) qui ne leur est versée qu’en ville où ils découvrent à leurs dépens les objets de consommation courante, comme la vaisselle et les vêtements « made in china », l’alcool, la prostitution et la mendicité.

Les Madihas sont touchés de plein fouet par cette crise identitaire. Confrontés à une perte de repères, considérés comme des parias par la « société moderne », abandonnés par les pouvoirs publics, désespérés, un nombre inquiétant de ses membres se suicident chaque année. En 2017 on dénombrait 40 suicides pour une population de 3000 hommes. Ils paraissent avoir peu à peu oubliés leur culture ancestrale. Dénué de chamane et mené par un cacique éloigné des enjeux actuels, ils sont dans un état de subsistance. C’est pourquoi le CIMI, une ONG locale qui contribue à la mise en valeur des connaissances traditionnelles et la revalorisation de leur mode de vie en harmonie avec la nature tente de mener les nouvelles générations vers une renaissance du peuple.

Les Kanamaris semblent pour leur part avoir trouvé un modus vivendi entre la préservation de leur mode de vie traditionnel et la vie moderne en instaurant un rapport de force avec les autorités locales. Mais, l’assassinat d’un de leurs représentants les plus engagés, Piam kanamaris démontre, s’il en était encore besoin, que le combat des défenseurs de l’environnement et des droits aux terres des peuples autochtones d’Amazonie face à la politique climatoseptique de l’État brésilien est loin d’être gagnée.

Ces difficultés n’entachent en rien la beauté de ces peuples et des paysages dans lesquels ils vivent. Baies d’Acai, Pupugna, igname, riz, poisson et chasse aux singes ou aux volatiles forment l’essentiels des repas. Les rituels collectifs, notamment de l’ayahuasca perdurent par ailleurs. Les kanamaris quant à eux renouent avec l’artisanat mais la route pour retrouver la force de s’imposer sur leurs terres sera aussi longue que fragile.

Eirunepe – Mamuri – Brésil

 

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