Israël, terre des peuples …
Comment évolue l’intégration de la population arabe au sein de l’état israélien ?
En 2013, j’accompagnais le reporter Diogo Schelp pour l’hebdomadaire brésilien Veja, à la rencontre de ces pionniers de l’intégration…quelques artisans de paix aux profils bien différents.
Cette série donne à voir des témoignages entrecoupés d’images d’ambiances de Jérusalem, Tel Aviv, Shefar’am, Kafumalk, Sakhnin et Ramallah. Tous porteurs d’espoirs, ils disent aussi la fragilité de cet équilibre qui divise Israël dans son processus de paix.
Mazem Ghnaim est le maire de la Ville de Sakhnin. L’un des seuls maires arabes du pays. La ville est un exemple pour l’intégration communautaire du pays, hélas, elle n’est pas toujours vu d’un bon œil tant les clivages sont encore fort. Toutefois, l’espoir fait vivre Mazem car il sait que le travail accompli commence à porter ses fruits et peux être un exemple dans le processus de paix Israélo-Palestinien.
La jeune Mimas Abdelhai, 20 ans, issue d’une famille musulmane palestinienne, a étudié successivement dans des écoles juives et musulmanes. Elle étudie actuellement la gestion des politiques gouvernementales et souhaite participer au concours de Miss Israël pour montrer au pays un autre visage. Elle est très bien intégrée et pourtant se sent encore étrangère dans son propre pays. Elle souhaite voir les lois religieuses s’assouplir au profit de la démocratie et de la laïcité.
Bassel Ghattas, l’un des six députés arabes à la Knesset et éditeur d’une revue dédié à l’économie et au business des arabes en Israël porte un regard mesuré, il sait que le chemin à parcourir pour changer les mentalités sera long.
Salem Abu Ismaïl, soldat musulman à 24 ans de la compagnie des patrouilleurs de la base 585 (Compagnie des bédouins), photographié en manœuvre proche du camp de Kerem Shalom – Salem est issue d’une grande famille modeste. Il est entré dans l’armée de Tsahal pour avoir accès à l’éducation et valider une expérience professionnelle faute de pouvoir aller à l’université. L’Intégration n’est pas évidente mais selon lui, les choses évoluent favorablement. Combattre les arabes ne lui pose pas de problèmes particuliers mais il avoue qu’il ne serait pas capable de tuer un membre de sa famille dans l’autre camps. Il ne ressent pas de discrimination car il estime qu’Israël est un pays désormais mixte et qu’il faut passer outre les barrières religieuses.
Abbas Suan, ancien footballeur et désormais entraineur du club de Sakhnin à l’entrainement avec des joueurs de l’équipe junior au stade Doha (Le quatar ayant financé la moitié du stade). Abbas fût le premier joueur arabe à jouer en équipe nationale devenant l’un des symboles de l’intégration des arabes dans le pays. Il avoue qu’il a dû se battre tant du point de vue psychologique que politique. Il se souvient de ce jour où il a qualifié Israël pour une compétition internationale et qu’il fût autant sifflé qu’applaudie.
Mira Awad, 38 ans, Chanteuse arabe vivant à Tel Aviv qui a représentée Israël à l’Eurovision. Mira pense que les choses évoluent, elle se sent plutôt épargnée grâce à son succès néanmoins, elle se sent encore stigmatisé notamment dans les démarches administratives quotidiennes et connait encore des discriminations. Ceci dit, elle pense que c’est le lot de toutes les minorités partout dans le monde. Récemment, elle a été appelée pour participer à une série télé, preuve selon elle de l’évolution de la société israélienne. Lors de sa participation à l’Eurovision, elle eut à vivre une forte pression et s’est faite « récupérée » tant par les palestiniens que les israéliens.
Hanin Bearat et Chetan Patel se marient proche de Ramallah car organiser leur mariage à Jérusalem serait peut-être compliqué d’autant qu’une partie de la famille d’Hanin ne pourrait peut-être pas traverser le mur.