C’est au bout d’une petite route de l’état du Minas Gerais, à 60 km de Belo Horizonte, au Brésil qu’Inhotim accueille le visiteur avec ses palmiers du monde entier.
Qu’il élabore son plan de visite ou décide de se perdre au hasard, la surprise sera grandiose. Inhotim est un immense jardin botanique d’ 1,4 hectares qui réunit une collection de 1300 œuvres d’art dont la moitié est exposée dans la nature ou bien dans 23 pavillons dédiées à de grands noms de l’art contemporain. Ainsi les œuvres des brésiliens Tunga, Adriana Varejão, Lygia Pape, Claudia Andujar, Miguel Rio Branco et des américains Doug Aitken et Matthew Barney côtoient au milieu de la végétation les sculptures monumentales de l’italien Giuseppe Penone, de la japonaise Yayoi Kusama, du danois Olafur Eliasson, du brésilien Hélio Oiticica ou encore de l’américain Chris Burden. Mais ici, ce n’est pas tant la signature de grands artistes que l’on vient chercher. Comme le précise son créateur Bernardo Paz, un millionnaire ayant fait fortune dans l’extraction de minerais de fer, aussi visionnaire qu’utopique : « Inhotim est un état d’esprit ! Nous avons voulu créer un environnement créatif qui permette au visiteur de se relier au monde de façon plus critique et consciente, faisant changer sa perception face aux enjeux de la vie ». Le promeneur est plongé dans une suite d’expériences qui font appel à tous les sens : Tantôt vous entrez dans une pièce noire et vous perdez l’équilibre en marchant sur un sol mou, tantôt vous jouez à faire volez des ballons ou écouter le bruit de la terre a l’aide d’un micro niché à 200 m de profondeur ou encore vous plongez dans une piscine ou plantez des graines. Dans l’obscurité ou au soleil, au chaud ou au frais, monumentale ou petit détail, ici on passe d’une sensation à une autre jusqu’à l’enchantement, selon les idées des artistes. Entre ces expériences, vous observez aussi la faune et la flore riche de 4500 espèces végétales du monde entier dont de très rares espèces entretenues avec un soin particulier. Inhotim déploie également des programmes éducatifs et sociaux. Bernado Paz, est fier de voir se côtoyer différents milieux, riches ou pauvres, au sein du jardin « Ici, ils sont égaux dit-il de sa voix rocailleuse. L’art contemporain est enseigné dans les écoles des alentours et les enfants sont fiers de vous expliquer l’œuvre de tel ou tel artiste. » Le pari semble gagné – Inhotim a déjà reçu plus de 2,7 millions de visiteurs – pourtant Bernardo Paz à le visage qui se ferme quand il évoque l’avenir : « Aujourd’hui, nous vivons un monde absurde ou l’argent est utilisé à tort et à travers, je me sent seul quand il s’agit d’en trouver pour faire évoluer le projet s’inquiète celui qui a investit 500 millions de dollars depuis 10 ans. Pourtant ce serait fantastique de permettre à des gens d’habiter ici au milieu des œuvres, de créer un village, une école au sein même d’Inhotim ! Et si nous étions une graine qui puisse pousser ailleurs dans le monde » ?
Brumadinho, Minas Gerais – Brésil